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Economie circulaire dans les municipalités : Vers le changement des mentalités et des pratiques

L’implantation de l’économie circulaire répond à des défis. Elle implique de modifier nos pratiques, et de changer les habitudes des consommateurs. Le gouvernement est un acteur essentiel sur le plan du cadre législatif et des incitations.

L’économie sociale et  solidaire est caractérisée par un fort ancrage local et une gouvernance participative. Cette démarche est en mesure de s’adresser à un public aussi large que varié. Cela permet la diffusion et la valorisation de bonnes pratiques auprès de cibles habituellement passives, voire réfractaires. Dans ce contexte, Mme Aziza Fitouri Hatira,  consultante en développement des entreprises et conseillère municipale, a révélé que la Constitution accorde un intérêt particulier au pouvoir local. Alors qu’un seul article est dédié aux collectivités locales dans la Constitution de 1959 de la Tunisie, dans celle de 2014, un chapitre entier est consacré au pouvoir local. Un article dans les principes généraux de la Constitution rappelle aussi l’engagement de l’Etat pour la concrétisation de la décentralisation.

Cette orientation prouve la prise de conscience par les autorités de l’importance du développement régional et du partage du pouvoir entre les différents niveaux de gouvernement.  Le Code des collectivités locales définit d’abord la municipalité comme étant « une collectivité locale dotée de la personnalité juridique, de l’indépendance financière, gérant les affaires locales en vertu du principe de libre arbitre et œuvrant à développer la zone d’un point de vue économique, social, culturel, environnemental et urbain et d’améliorer les services à destination des citoyens».

«Travaux et aménagements urbains »

Mme Hatira a expliqué que  le Conseil municipal, qui forme l’organe suprême au sein de la municipalité du fait de son élection directe par les citoyens, doit obligatoirement former des commissions, dont plusieurs aborderont des questions à forte teneur environnementale, telles que les commissions de la propreté, de la santé et de l’environnement publics, des travaux et aménagements urbains et des affaires administratives et des services.

Il est intéressant aussi de constater que les initiatives d’économie circulaire dans le monde ont été adoptées pour des raisons différentes. L’Allemagne et la Suède ont engagé des initiatives pour réduire leurs déchets, alors que le Japon veut consacrer l’innovation technologique et la Chine cherche à atteindre un modèle d’industrialisation plus soutenable. Pour la Tunisie, il est question d’encourager des initiatives pour créer de l’emploi qui constitue une priorité nationale.

En effet, le volume des déchets, au niveau national, est important, selon notre interlocutrice, puisqu’il atteint 1 million 400 mille mètres cubes par an, dont 700 mille tonnes se trouvent dans le district du Grand-Tunis. D’où la nécessité de déployer des efforts exceptionnels et des programmes de soutien pour appuyer les efforts des municipalités.  D’autre part, et selon une étude financée par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), 15 millions de tonnes de déchets de construction et de démolition sont produites chaque année en Tunisie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’économie circulaire ne fait pas que préserver la nature. Elle peut aussi créer de la valeur ajoutée et, donc, des emplois. Pour les municipalités: comment appliquer le concept d’économie circulaire?

Explorer des exemples de projets

Notre consultante en développement des entreprises a expliqué que l’implantation de l’économie circulaire répond à des défis. Elle implique de modifier nos pratiques, et de changer les habitudes des consommateurs. Le gouvernement est un acteur essentiel sur le plan du cadre législatif et des incitations. Trois objectifs spécifiques sont identifiés, il s’agit de bien comprendre l’économie circulaire dans le contexte du secteur municipal, d’explorer des exemples de projets qui vont dans ce sens et d’établir comment s’applique le concept dans la gestion des déchets du bâtiment et des travaux publics (BTP) et des matières résiduelles du secteur municipal. Il est urgent que l’Etat prenne en considération la stratégie nationale de protection de l’environnement fondée principalement sur la gestion des déchets dans tout investissement et plan de relance de l’économie.

Une stratégie multisectorielle de sensibilisation des citoyens et des acteurs par les collectivités locales et les associations, toutes spécialités confondues (des AD des écoles aux associations de droits en passant par les associations de développement et à caractère environnemental), doit être faite afin de changer des habitudes de consommation et de vie peu respectueuses de l’environnement.

L’adoption des textes d’application du nouveau Code des collectivités territoriales ne doit plus tarder afin de surmonter les difficultés relatives à la protection de l’environnement. Il est nécessaire d’inclure des dispositions qui visent à doter les municipalités des moyens humains, juridiques et financiers nécessaires afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de protéger l’environnement. Finalement, il faut renforcer le système de sanctions contre les infractions environnementales partout dans le pays et surtout pour les secteurs énergivores et pollueurs.

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